26 février 2018
L'âge de départ à la retraite progresse… mais pas assez
D’après une étude de la Direction de la Recherche du Ministère de la Santé (DREES), parue le 15 février dernier, l'âge moyen de départ à la retraite est en progression depuis 2010 : il a ainsi augmenté de 1 an et 4 mois entre 2010 et 2016, atteignant, fin 2016, 61 ans et 10 mois.
Que retenir de cette étude ?
L'âge effectif de départ à la retraite recule depuis 2010
Cette dynamique, inverse à celle observée entre 2004 et 2010 - en raison des départs anticipés pour carrières longues, et de l’allongement de la durée de carrière des femmes -, était l’objectif principal de la réforme des retraites de 2010. Cette dernière a reculé de deux ans l'âge légal de départ à la retraite - de 60 à 62 ans - ainsi que l'âge de la fin de la décote de 65 à 67 ans.
Cette hausse de l'âge de départ à la retraite a contribué à faire diminuer la proportion de personnes retraitées de 60 ans chez les Français. Celle-ci est passée de 64 % en 2010 à 30 % en 2013.Le taux de retraités à 61 ans est quant à lui passé de 73 % en 2012 à 34 % en 2016. Ce taux a également commencé à diminuer pour les retraités à 65 ans : il était de 91 % en 2016, soit une baisse de 3 points par rapport à 2015.
Ainsi, malgré la hausse de l’espérance de vie, les générations affectées par la réforme de 2010, c’est-à-dire celles nées après 1951, verront leur durée de vie passée à la retraite diminuer légèrement. Cependant, d’après le panorama des pensions 2017 réalisé par l’OCDE, la France est le pays ayant “l’espérance de vie à l’âge moyen de sortie du marché travail” la plus élevée - plus de 25 ans - soit 5 années de plus que la moyenne des pays développés.
L’age de la retraite : un levier puissant pour restaurer l’équilibre financier
Compte tenu de la contrainte financière qui pèse sur les régimes de retraite, en raison principalement des évolutions démographiques, les réformes cherchant à rétablir l’équilibre financier du système se sont succédées, surtout depuis 2010.
Il existe trois paramètres sur lesquels agir pour restaurer les comptes :
-
le niveau des ressources ;
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le niveau relatif des pensions ;
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l'âge effectif de départ à la retraite.
La hausse de l'âge légal de départ à la retraite est donc l’un des leviers permettant d’agir sur l’équilibre financier du système.
D’après une note du Conseil d’Orientation des Retraites (COR) de février 2017, l'âge moyen de départ à la retraite devrait passer de 60,5 ans en 2010 à 65 ans à partir de la fin des années 2030. D’ici 2060, l’augmentation de l'âge moyen de départ à la retraite permettrait de couvrir plus d’un tiers du besoin de financement lié au vieillissement.
Ainsi, le relèvement de deux ans des âges légaux de la retraite - instauré par la réforme de 2010 - contribue à réduire la masse des pensions versées, mais l’effet de cette mesure est plus fort à court qu’à long-terme. Sur la durée, l’effet d’une telle mesure est compensé par le fait que les assurés qui prolongent leur activité accumulent également plus de droits. Cette réforme entraînerait ainsi une économie de masse des pensions au régime général de 6 % par an entre 2019 et 2024 et de l’ordre de 3 % en 2050.
Les différentes réformes ont également un effet sur la masse des cotisations sociales, principale ressource du système puisqu’elle représente près de trois quart des financements (le dernier quart étant composé d’impôts, de taxes affectées et autres compensations de l’Etat). Le recul de l'âge de la retraite prolonge ainsi la durée dans l’emploi, ce qui entraîne la rentrée de cotisations supplémentaires pour les caisses de retraite.
Le recul de l'âge légal de départ de la retraite ainsi que l’allongement de la durée de cotisation ont donc des effets notables pour l’amélioration du solde financier de notre système de retraite. C’est pourquoi, en 2016, l’Institut Montaigne préconisait dans sa note Retraites : pour une réforme durable d’allonger la durée de cotisation à 43 ans et l'âge légal de départ à la retraite à 63 ans.
L'âge effectif de départ à la retraite en France pourrait encore être repoussé
Malgré l’allongement de l'âge effectif de départ à la retraite, ce dernier restera toutefois inférieur à celui de la moyenne des pays de l’OCDE à l’horizon 2060. La France fait ainsi partie des cinq pays de l’OCDE ayant un âge moyen de départ à la retraite inférieur à 65 ans à horizon 2060 à législation inchangée (64 ans, contre 65,7 en moyenne pour l’OCDE).
Or, dans la réforme des retraites que le gouvernement devrait annoncer en 2019, le recul de l'âge légal de départ à la retraite n’est pas envisagé, ce qui pourrait porter préjudice à l’équilibre financier du système.
Les dépenses publiques liées aux pensions de retraites demeurent ainsi particulièrement élevées en France : elles représentent 14,3 % du PIB, contre 8,6 % en moyenne pour les pays de l’OCDE.
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