06 octobre 2017

Retraites : le retour des déficits ?



Le retour à l’équilibre du régime de retraites est menacé. Le projet de loi de finances de la sécurité sociale 2018 (PLFSS) semble confirmer les prévisions du Conseil d’orientation des retraites (COR) de juin dernier sur la trajectoire des comptes des régimes de retraite. Comment expliquer ce retour prématuré des déficits?  

Le retour des déficits à l’horizon 2020

Les dernières réformes ont permis un retour à l’équilibre de l’assurance vieillesse en 2016. Ainsi, le projet de loi de finances de la sécurité sociale (PLFSS) de 2017  prévoyait un excédent de l’assurance vieillesse de 1,1 milliard en 2020, couplé à un retour à l’équilibre du fonds de solidarité vieillesse (FSV).

Or, dès juin 2017, les projections financières publiées par le COR vinrent contrecarrer ces prévisions, prévoyant un déficit du régime des retraites de 0,4 % du PIB (soit 9 milliards d’euros) à l’horizon 2021, contre les 0,2 % annoncés par le PLFSS. Cette aggravation du déficit est due à une évolution démographique moins favorable, des prévisions de croissance économique moindres, ainsi qu’à un ralentissement de l’effet du recul de l’âge légal de la retraite.

Le PLFSS 2018 confirme ces prévisions en prévoyant un excédent de l’assurance vieillesse de seulement 200 millions d’euros en 2018 et le retour des déficits dès 2020, chiffré par exemple à 3 milliards d’euros en 2021 pour le régime général des salariés du privé.

Des réformes paramétriques insuffisantes

En 2016, l'Institut Montaigne dans son rapport Retraites, pour une réforme durable, insistait sur le fait qu'une réforme de nature paramétrique étaient indispensables, mais ne pouvait à elle seule assurer la pérennité de notre système de retraite. Parmi ses propositions, il préconisait non seulement d’agir simultanément sur les piliers du système (âge et durée légale de cotisation), mais également d’harmoniser les différents régimes afin d’assurer l’équité du modèle.

De fait, outre les prévisions économiques et démographiques défavorables, c’est avant tout la fin de la montée en charge du recul de l’âge légal de la retraite à 62 qui explique la hausse future des déficits.

Si cette mesure permet des économies de 2 milliards d’euros en 2017, elles ne seront que de 200 millions en 2018.  Par ailleurs, les pensions sont indexées sur l’inflation qui repart à la hausse, tout comme, le nombre de nouveaux retraités et le montant des prestations futures

Une trajectoire prévisible

Le ralentissement des effets produits par le recul de l’âge de la retraite à 62 ans, bien que brutal était totalement prévisible selon la Cour des Comptes. Celle-ci, pointe ainsi dans son dernier rapport sur la sécurité sociale le fait que le gouvernement aurait prévu, sans que le Parlement en ait été informé, de compenser ce ralentissement par des transferts provenant des autres branches de la sécurité sociale. Une manoeuvre budgétaire n’ayant pour effet que de retarder l’échéance.

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